En 2015, l’aquaponie a été classée par le Parlement européen comme l’une des dix technologies qui pourraient changer nos vies*.
Dans le but de préserver l’eau et les sols de la pollution et de leur appauvrissement, elle est une nouvelle alternative à l’agriculture intensive.

Entre élevage de poissons et culture de plantes, l’aquaponie propose une méthode de production agricole permettant d’économiser l’eau sans impact sur les écosystèmes naturels.

En quoi l’aquaponie peut-elle aider à répondre aux enjeux environnementaux et offrir une nouvelle méthode de production alimentaire ?

Qu’est-ce que l’aquaponie ?

L’aquaponie est un type de culture qui allie l’hydroponie, c’est-à-dire la culture des plantes dans l’eau, et l’aquaculture, l’élevage de poissons. Dans l’agriculture aquaponique, les plantes se développent grâce à l’eau enrichie d’engrais naturels provenant des déjections des poissons.

Un système viable grâce aux bactéries et à l’oxygène

Ce système en autogestion reproduit un écosystème naturel à petite échelle. Il fonctionne grâce à un processus biochimique qui crée un environnement symbiotique. L’eau du système d’aquaculture riche en ammoniac est pompée vers le système hydroponique.

L’ammoniac en trop forte concentration est mortel pour les poissons. Il est donc transformé en nitrites puis en nitrates grâce à des bactéries aérobies. Cette transformation de l’ammoniac par oxydation s’appelle le processus de nitrification. Ces bactéries aérobies ont besoin d’un milieu largement oxygéné. L’azote sous forme de nitrates est assimilé par les plantes et contribue à leur croissance.
Les déjections et les restes organiques sont décomposés en nutriments (potassium, calcium, phosphore, etc.) et micronutriments (zinc, fer, cuivre, etc.), c’est la minéralisation.
Ces processus chimiques transforment la composition de l’eau et instaurent les conditions de vie et de production du système et constituent un filtre biologique, le biofiltre.

Les poissons élevés sont des poissons d’eau douce, notamment des poissons d’aquarium comme les poissons rouges, les carpes koï. Il est aussi possible d’élever pour les consommer des poissons tels que la truite, le poisson-chat, la carpe, la perche, le tilapia.
Les plantes cultivées sont les légumes-feuilles : salades, épinards, persil, blettes, etc.

Les exigences du bon développement de l’aquaponie

Gérer un écosystème aquaponique sain est une tâche complexe. Cela exige de maîtriser les principes biochimiques, tels que les relations entre la température, l’oxygène, les bactéries et le pH pour obtenir et contrôler le cycle vital de l’eau qui maintient en vie les poissons et les cultures.

La qualité de l’eau en général et son oxygénation en particulier sont primordiaux et jouent plusieurs rôles dans l’écosystème.
La symbiose entre les poissons, les bactéries et les plantes a besoin d’une eau de bonne qualité car elle transporte l’oxygène et les éléments nutritifs pour leur croissance.
Un taux d’oxygène compris entre 5 à 12 mg/L permet le bon développement des processus chimiques, notamment la transformation de l’azote et l’activité des bactéries aérobies. En-deçà, les poissons sont stressés et les plantes asphyxiées.

En quoi l’aquaponie peut-elle offrir une alternative à l’agriculture intensive ?

L’aquaponie, un cercle vertueux

Productive sans fertilisant chimique ni pesticide, l’aquaponie offre de nouvelles perspectives pour répondre aux enjeux préoccupant toutes les populations : l’alimentation, la préservation de l’environnement et la gestion durable de l’eau. Pour relever ces nouveaux défis, l’aquaponie se développe selon des principes durables et vertueux :

Une grande adaptabilité.

La culture hors-sol trouve sa place sur le toit d’un immeuble en ville ou sur un terrain à la campagne, dans des espaces étroits, verticaux ou horizontaux. L’aquaponie peut se développer partout, pour produire des produits maraîchers et des poissons à consommer.
Une ferme aquaponique est principalement composée de deux bassins, l’un pour contenir les poissons, l’autre les bacs flottants pour la culture des végétaux, de deux pompes, l’une pour aspirer l’eau des poissons jusqu’aux plantes et l’autre pour renvoyer l’eau filtrée aux poissons et d’un diffuseur de bulles pour faciliter l’aération de l’eau.

Une production locale et responsable.

En produisant en ville ou à proximité, au plus près de la population, l’aquaponie permet de proposer aux consommateurs des produits frais en circuits courts et assure ainsi une production responsable et cohérente. L’aquaponie a peu d’impact sur l’environnement car d’une part, les végétaux et les poissons sont développés hors-sol et sans intrants chimiques et d’autre part, les consommateurs ont l’opportunité de consommer local ce qui permet de réduire l’impact sur l’environnement lors de l’acheminement des produits.

Une économie d’eau.

Grâce au processus de production, la consommation d’eau est limitée. Alors que la pisciculture exige une importante consommation d’eau due à son renouvellement fréquent. Au contraire, l’aquaponie permet d’économiser l’eau puisqu’elle est utilisée en circuit fermé : en passant par le biofiltre, elle sert d’engrais aux plantes, puis, après avoir été filtrée par le substrat, elle est à nouveau bonne pour les poissons. Ainsi, il n’est plus besoin de quantité industrielle d’eau douce pour arroser des terres cultivées et produire des protéines animales et des végétaux.

Respect de l’environnement et de la santé.

L’aquaponie ne nécessite pas l’utilisation de pesticides responsables de la pollution des terres agricoles, des nappes phréatiques, des milieux aquatiques. Les seuls intrants nécessaires à l’aquaponie sont la nourriture des poissons et l’eau. Les besoins de l’un sont fournis par l’autre.

Repos de la terre.

Le principe de culture hors-sol de l’aquaponie permet d’agir directement sur l’appauvrissement des sols induit par l’agriculture intensive. Le développement industriel des monocultures, l’utilisation de pesticides, d’herbicides et la culture de plantes exigeantes en matières organiques appauvrissent les terres agricoles. Une ferme aquaponique aide à préserver les terres cultivables en réduisant leur exploitation.

Le développement de l’aquaponie fait face à différents freins d’ordre politique comme les aides au développement et les réglementations, et financier, notamment les investissements pour la mise en œuvre (terrains, conception, construction de la ferme). Pourtant, il s’agit d’une agriculture pleine de promesses dont on perçoit tout le potentiel pour le futur grâce à des agriculteurs ambitieux qui aujourd’hui se sont engagés dans cette voie, notamment dans le cadre d’une société coopérative d’intérêt collectif au Havre.


L’équipe Envirotech de BIBUS France propose des solutions d’aération, de pompage ou de filtrage pour répondre à des besoins exigeants concernant le traitement des eaux et les technologies de l’environnement. Les experts accompagnent aussi les entrepreneurs qui souhaitent développer un projet de ferme aquaponique ou agir pour la préservation de l’environnement et des ressources naturelles.

*https://www.researchgate.net/publication/271512111_Ten_technologies_which_could_change_our_lives_Potential_impacts_and_policy_implications